Cette semaine, j’ai choisi de vous partager une journée plus éprouvante. J’ai longuement réfléchi avant de le faire pour diverses raisons, mais je pense qu’il est aussi important d’aborder certaines réflexions de fond.
8h : Ma journée commence avec 2 rencontres en ligne. Je me suis déplacée au centre La Boite à Parole pour les faire puisque ce sont des très jeunes enfants et qu’il vaut mieux avoir une foule de matériel sous la main.
A, 21 mois se connecte avec sa maman. A est toujours très expressive même si elle ne dit que quelques rares mots. Pour le plus petits, je prévois toujours le même matériel que celui qu’ils ont à la maison. Les minis ont BESOIN de manipuler.
A . me fait des sourires. On joue à imiter le bruit des animaux et on travaille les demandes à un mot ( donne, encore, fini). C’est toujours difficile les rencontres avec les petits parce qu’il ne faut pas oublier de guider le parent dans les gestes à faire. On fait des bulles ensemble ( chacun de notre côté) et j’ai des petites demandes, surtout en langage signé bébé.
A. collabore super bien. Elle me montre Stella de la pat patrouille ( que j’ai aussi ) et vroummmm vroummmm on roule sur la table.
À la fin de la séance, on jase stratégies. J’envoie tout de suite après 2 feuilles de stratégies à mettre en place. A hurle souvent à la maison et dans l’auto, très fort et longtemps. C’est difficile pour le parents qui se sentent dépassés.
8h35 : J. 26 mois est de moins bonne humeur. Aucun des jeux ne fonctionnent. Mais on a l’idée de déjeuner ensemble ( moi avec de la nourriture en plastique ). Ce temp nous permet de travailler 2 objectifs de manière ciblée et au final, c’et très bien. Son papa apprend à ne pas devancer les demandes.
9h: Je note mes 2 suivis de rencontres, je prends mes dossiers pour la route et je fais ma valise ( littéralement ! Je place mon matériel dans une valise à roulette. L’idéal ! )
9h25 : Me voici en garderie avec R. Déjà lorsque j’arrive, j’entends R. 4 ans, qui hurle à plein poumon depuis le fin fond des locaux. La crise sur le plancher, il lance et frappe. L’éducatrice ( pas la sienne) est dépassée et elle me le confie le temps de prendre l’air. Je ne la blâme pas, R peut être très difficile.
R. est très heureux de me voir. C’est très rare qu’un enfant n’est PAS heureux de me voir. Aussitôt, il arrête de hurler, me raconte le problème dans son jargon composé de mots tronqués et de gestes et on se dirige ensemble dans sa salle.
Bon, ce n’est pas son éducatrice. Depuis le 1er juin, R a eu une éducatrice différente à chaque semaine ou presque. Encore un changement ? Je me demande comment je peux l’aider à travers ses repères constamment perdus. À chaque fois qu’on met en place un nouvel outil de soutient, la nouvelle personne est déjà partie.
J’explique à nouveau les pictogrammes et le cahier d’objets avec 2-3 mots-clés.
Je suis dans le groupe avec R. R n’a pas de temps de parole et on le met en retrait très souvent. Oui, il se fâche. Il fait des demandes que les amis et la nouvelle éducatrice ne comprennent pas et il fini par être tellement fâché. Je fini par le sortir du groupe pour aller dans la salle travailler en un à un.
Je vous avoue que je trouve ça difficile de sentir le p’tit R. pas heureux toutes le semaines. Cette garderie que je trouvais si belle esthétiquement me déçoit de semaine en semaine pour une foule d’autres raisons. La semaine passée, on l’avait placé avec les 2 ans parce que »il parle comme un petit ». C’est toujours difficile d’aborder ça avec les parents, mais je pense que nous sommes leurs yeux.
10h15 : La crise totale pour ne pas retourner dans son groupe. À chaque fois, c’est difficile depuis mars. Je prévois 10 minutes pour y aller un petit peu avec lui à la fin.
10h45: Me voici devant chez V, 7 ans, tsa. V. fait beaucoup de flapping et ne tient pas beaucoup en place. Mais j’ai de éléments sensoriels qui lui permettent d’apprendre à travers cela . On travaille l’intégration des PECS conjointement avec la TES. On est au stade 4. V. en utilise à l’école. Comme beaucoup d’enfants, les ressources ne peuvent être sorties et il a fallu en créer un pour la maison.
Aujourd’hui, la TES sera présente à la rencontre. Elle souhaitait voir la collaboration de V et comment on utilise le PECS. Ça fait 2 ans que je vois V. Je sais maintenant anticiper certaines difficultés.
La rencontre sera difficile parce qu’il y a une personne de plus. Ça fait beaucoup à analyser pour V. mais ça fait partie du processus.
12h : J’ai besoin d’un GRAND café.
12h30: Lunch
13h : Moment notes de suivi et téléphones. D’ailleurs, j’en profite pour parler à la mère de R.
14h: Rdv à domicile avec chez E, 4 ans. E. n’a pas de plan orthophonique, il est sur liste d’attente au privé comme au public. On stimule les intentions de communication et le tour de rôle. Le rdv se passe très bien et je respecte le rythme de E. La maman est avec nous dans le salon.
14h35: La maman de E. pleure dans le salon. Beaucoup. Elle réalise peu à peu que les difficultés de E. sont plus qu’une petite difficulté passagère et elle se sent très impuissante par rapport à l’aide à apporter. J’avais essayé d’aborder le sujet par le passé, mais les parents n’étaient pas prêts. Même si c’est difficile de la voir comme ça, je suis aussi soulagée qu’une prise de conscience soit en cours.
15h35: Je sors de chez E. Ma journée terminait à 15h, mais j’ai choisi d’apporter du support à la maman, puis de rejouer avec E pour 30 autres minutes. J’aurais pu quitter à 15h… mais je crois que nous bâtissons la confiance avec les familles Je vois E. 2 h par semaine, toute les semaines. Quelques minutes ( non facturées) de plus alors qu’aujourd’hui c’est possible…. Être écouter permet d’avancer dans le cheminement. Mon travail est aussi la prévention, l’écoute et l’empathie.
16h : Notes de suivi
Cette journée a eu une grosse charge émotive pour moi. Sans être dans le jugement, je souhaitais exposer que ce n’est pas facile tous les jours. Comme intervenant, c’est important qu’on parle aussi de ce côté.
-Magalie